Actualités
Témoignage de Désirée Donwahi, sage-femme engagée auprès de Santé Sud en Mauritanie
Depuis 2024, Désirée Donwahi intervient comme référente PTME (Prévention de la Transmission Mère-Enfant) sur différents projets de Santé Sud en Mauritanie. Aujourd’hui, elle nous livre son parcours et son engagement quotidien dans le programme Zéro VIH pour améliorer la qualité des soins des mères et des nouveau-nés.
Découvrez son témoignage et plongez dans l’action de Santé Sud pour renforcer les soins de santé sexuelle et reproductive.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Désirée, je suis ivoirienne et sage-femme depuis neuf ans. Après des études initiales dans le commerce, j’ai choisi de me reconvertir vers un métier plus humain et porteur de sens. J’ai commencé une formation d’infirmière diplômée d’État, mais les premiers cours d’obstétrique ont été une révélation. J’ai alors décidé de devenir sage-femme. Ce métier m’a profondément transformée : il m’a permis de mieux comprendre les réalités du terrain, la souffrance des patientes, et de développer une vision plus engagée de la santé.

Quelles ont été vos premières expériences professionnelles ?
J’ai exercé en Côte d’Ivoire dans un centre de santé, puis j’ai rejoint Médecins Sans Frontières en 2018 pour une mission de dix mois dans le nord du pays. Cette expérience m’a permis de sortir du cadre urbain d’Abidjan et de découvrir les inégalités territoriales en matière de santé. J’ai été confrontée à des problématiques complexes, notamment les violences basées sur le genre, comme les mariages forcés de jeunes filles.
Comment avez-vous rejoint Santé Sud ?
Je cherchais une organisation capable de m’accompagner dans mon évolution professionnelle, avec une vraie ouverture à l’apprentissage. J’ai intégré Santé Sud en mars 2024, dans le cadre du projet Passerelles en Mauritanie. J’ai d’abord remplacé une collègue en arrêt maladie, en tant que référente santé sexuelle et reproductive (SSR), puis j’ai poursuivi ma mission au sein de l’équipe. J’ai accompagné trois référentes qualité des soins réparties entre Nouadhibou, Rosso et Nouakchott.
Quel est votre rôle actuel dans le projet Zéro VIH ?
Je suis référente PTME (Prévention de la Transmission Mère-Enfant) sur trois pathologies : le VIH, l’hépatite B et la syphilis. Nous intervenons dans neuf structures de santé de la région de l’Assaba, dont le centre hospitalier régional de Kiffa. Notre mission consiste à opérationnaliser les protocoles nationaux, notamment en salle d’accouchement : dépistage immédiat, mise sous traitement, prise en charge du nouveau-né. Nous travaillons également sur la qualité des soins, l’accueil et l’hygiène, en lien avec trois chargé·es de renforcement PTME.
Comment se déroule votre travail sur le terrain ?
Nous avons commencé par un état des lieux dans chaque structure, puis élaboré des plans d’action. Nous organisons des formations in situ pour le personnel, accompagnons les équipes dans les services, et assurons un suivi régulier pour mesurer l’amélioration des pratiques. Les structures les plus importantes réalisent entre 300 et 400 accouchements par an. Nous collaborons aussi avec SOS Pairs-Educateurs, qui pilote le volet communautaire du projet. Leur approche “aller vers” facilite le dialogue avec les populations et renforce le lien entre les relais communautaires et les structures de santé.
Qu’est-ce qui vous a le plus marquée dans cette mission ?
Le manque d’hygiène dans certaines structures reste un challenge majeur (parfois la présence d’animaux dans les services !). Nous rencontrons également des difficultés liées au manque de responsabilisation des actrices et acteurs des services. En revanche, la mise en place de la PTME dans plusieurs structures est une réussite. En ce qui me concerne, j’ai pu avec ce nouveau poste développer mes compétences de formatrice, adapter mes messages aux différents publics, et recevoir des retours très positifs.
Si vous étiez ministre de la Santé, quelles seraient vos priorités ?
Je renforcerais la formation initiale des professionnels de santé, en allongeant la durée des études et en intégrant des stages plus longs. Je mettrais l’accent sur le management et ferais des centres hospitaliers des références obligatoires pour les sages-femmes et les infirmiers. Enfin, je limiterais les gardes en dehors des centres de rattachement pour garantir la continuité des soins.
À découvrir aussi

Vidéo de capitalisation Nutrisan

Santé Sud : Un engagement fort pour les droits en santé sexuelle et reproductive à Madagascar, l’interview d’Andy Rakotovao.
