Interview de Rolland Caplin – médecin généraliste 

🎙️ Qui êtes-vous et depuis combien de temps êtes-vous expert chez Santé Sud ?

« Je suis le docteur Rolland Caplin, médecin généraliste. J’ai été responsable des programmes de médicalisation des zones rurales au Bénin pendant dix ans. »

🎙️ Quelles missions avez-vous réalisées avec Santé Sud et qu’est-ce qui vous a plu ?

« Ce qui m’a passionné, c’est de pouvoir suivre un projet du début à la fin, de la conception à la mise en action.  À raison d’une ou deux missions par an, cela permet de retrouver les mêmes partenaires à chaque fois, de créer des liens, d’approfondir les relations humaines — notamment avec les partenaires locaux. 

Ça permet aussi d’apprendre à se connaître, à travailler ensemble, ce qui n’est pas toujours facile avec des cultures différentes.  Cela permet de voir le projet avancer : installation de nouveaux médecins, suivi dans le temps, arrivée de nouvelles recrues.  Les médecins formés se sont regroupés en une association, et c’est intéressant de les voir fonctionner ensemble.  Il y a toute une dynamique sur dix ans qu’on peut observer, et c’est ça qui est important. 

Au Bénin, Santé Sud a permis l’émergence d’un nouveau métier : la médecine générale. Avant, il n’existait que deux voies : la santé publique et les spécialités. Ce projet a ouvert une nouvelle perspective pour les jeunes médecins diplômés, en créant une véritable voie professionnelle. 

Bien sûr, il n’y a pas que des réussites. Il y a aussi des échecs. Mais constater que, dans l’ensemble, le projet fonctionne reste très enrichissant. Ce n’est pas une simple mission ponctuelle : c’est un ensemble d’actions qui permet de comprendre le projet dans son intégralité, d’en mesurer les apports, les réussites, les limites, et de réfléchir à ce qu’il faudrait améliorer. Et surtout, cela permet d’apprendre à se connaître. 

Par exemple, je suis devenu ami avec un partenaire local. Ce que je retiens avant tout, ce sont les relations humaines. Les discussions permettent de confronter les points de vue entre ce qui se fait au Nord et au Sud. Cela crée un dialogue constructif, sur un pied d’égalité, où chacun apporte ses compétences, sa culture et son humanité. »