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Interview de Jean-Michel Gaglione, Psychiatre et expert Santé Mentale pour Santé Sud.

À l’occasion des 40 ans de Santé Sud, nous avons interrogé⸱es plusieurs acteur⸱ices clés de Santé Sud depuis sa création, ceux·elles-ci ont accepté·es de nous livrer un bout de leur parcours. C’est au tour de Jean-Michel Gaglione de nous partager son expérience :

🎙 De ton expérience de mission au Mali en tant qu’expert psychiatre, qu’est-ce qui t’a marqué ? Qu’as-tu trouvé intéressant ?

« En 2018, j’ai effectué une mission avec Santé Sud au Mali, dans les zones rurales. J’ai beaucoup apprécié cette mission, car elle m’a semblé particulièrement utile. Au Mali, les psychiatres sont essentiellement concentrés dans les grandes villes, en particulier à Bamako, et il n’y en a pratiquement aucun en zones rurales. 

Nous nous sommes appuyés sur tout le réseau de médecins communautaires, fort de l’expérience de Santé Sud, qui les avait formés pendant plusieurs années. Avec l’aide de nos collègues maliens, nous avons formé ces médecins communautaires aux bases de la psychiatrie. Cela leur a permis de diagnostiquer des troubles psychiatriques dans des populations qui, jusque-là, n’avaient tout simplement pas accès à ce type de soins. La plupart du temps, les patients étaient ignorés voire maltraités. 

C’était donc une mission très utile, mais aussi très humaine, avec un vrai partage de connaissances entre les psychiatres et les médecins généralistes maliens, tous très compétents. 

Et aussi la mise en application du principe de SSUD, c’est-à-dire qu’une fois que la mission était finie pour moi, mes collègues psychiatres maliens ont continué à travailler, à développer cette mission. On avait créé un groupe WhatsApp, et j’avais mis en place des recueils de données épidémiologiques pour continuer à théoriser. Et ils ont pu continuer leur mission en mon absence. »

 

🎙️ Tu parlais d’un public éloigné des soins. De quel type de population s’agissait-il ?

« Il s’agissait principalement de villageois atteints de troubles mentaux, souvent considérés comme « habités » par des djinns ou des démons. Ils étaient davantage pris en charge par les marabouts ou par la médecine traditionnelle malienne, et échappaient complètement aux traitements psychiatriques modernes, qui auraient pourtant pu être plus efficaces. 

Nous avons travaillé avec des médecins traditionnels, et nous avons essayé d’en faire des partenaires de soins, car c’est à eux que les familles de patients s’adressaient en premier. Ils avaient un rôle fondamental, et les rendant partenaires de notre projet, ils pouvaient avoir l’intelligence de nous adresser les cas les plus compliqués. »

 

🎙️ Les traitements proposés étaient-ils médicamenteux ou psychothérapeutiques ?

« Essentiellement médicamenteux. Les psychothérapies étaient difficiles à enseigner et à adapter au contexte culturel local. En revanche, nous avons mis en place un soutien psychologique, affiné les capacités diagnostiques de nos collègues généralistes, et proposé des indications thérapeutiques médicamenteuses pour les pathologies les plus sévères. »

 

🎙️ Les médicaments sont-ils facilement accessibles au Mali ?

« Ce fut justement l’un des problèmes rencontrés. Il a fallu simplifier la pharmacopée, en sélectionnant des médicaments à la fois efficaces, simples à utiliser et réellement disponibles sur place. » 

 

 

 

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