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Témoignage de Ghita Bentiress, psychologue clinicienne auprès de la composante psychosociale et santé mentale du projet Sentin’Elles.

Qui es-tu et quel est ton lien avec Santé Sud ?

« Je suis psychologue clinicienne, en charge de la composante psychosociale et santé mentale auprès de Santé Sud dans le cadre du projet 3inaya/Sentin’Elles au Maroc. Mon intervention s’inscrit dans une dynamique de renforcement des capacités psychosociales des acteurs de terrain, en particulier sur les thématiques de la santé mentale et de l’accompagnement des survivantes de violences basées sur le genre.

Mon lien avec Santé Sud repose sur un partenariat étroit, ancré dans une dynamique de collaboration continue et enrichissante. Il s’agit d’une relation engagée, fondée sur l’écoute, la confiance et le respect des expertises respectives; »

De quoi Santé Sud peut-elle être fière selon toi ?

« Santé Sud peut être fière de son engagement constant à placer l’humain au cœur de ses actions. Loin d’imposer des solutions toutes faites, l’organisation agit avec une réelle volonté de co-construction, en respectant les dynamiques locales, les contextes culturels et les réalités de terrain. Elle fait le pari du long terme, en investissant dans le renforcement des compétences locales et l’autonomisation des acteurs.

C’est aussi une structure qui assume de traiter des sujets complexes, parfois tabous -santé mentale, violences basées sur le genre, santé sexuelle et reproductive- avec courage, nuance et responsabilité. »

Quels sont, selon toi, les enjeux et défis à venir pour Santé Sud ?

« Parmi les défis à venir, l’un des plus importants sera de continuer à placer les besoins réels des populations au centre des projets, tout en répondant aux exigences techniques, financières et administratives de plus en plus fortes de la coopération internationale. Trouver cet équilibre entre proximité humaine et performance attendue par les bailleurs est un exercice délicat, mais essentiel pour préserver le sens et l’impact des actions menées.

Il s’agira également de consolider l’intégration de la santé mentale comme levier transversal, non seulement dans les projets de soins, mais aussi dans les réponses aux inégalités sociales, aux violences et aux situations de crises. La santé mentale, dans sa dimension communautaire et préventive, constitue un enjeu clé pour accompagner les transitions sociales et sociétales, bien au-delà des systèmes de soins formels.

Quel message souhaites-tu transmettre aux équipes actuelles et futures ?

« Gardez cette capacité d’écoute, de réflexion partagée et de co-construction, car c’est ce qui fait la richesse de Santé Sud. Derrière chaque action, chaque formation, chaque rencontre, il y a des histoires humaines puissantes, souvent silencieuses, qui méritent d’être reconnues et honorées. Travailler dans le champ de la santé, de la solidarité internationale ou du développement social, n’est jamais neutre : c’est un engagement profond, souvent exigeant, parfois confrontant, mais toujours porteur de sens.

Les professionnel·le·s de terrain, les partenaires locaux, les soignant·e·s, les travailleur·se·s sociaux·ales, tous et toutes incarnent avec courage et humilité cette volonté de faire bouger les lignes, d’améliorer les conditions de vie, de défendre la dignité humaine dans des contextes parfois très complexes. Ce sont leurs gestes du quotidien, leurs petites victoires invisibles, leur ténacité, qui font la force des projets de Santé Sud.

Je vous encourage donc à garder et à cultiver cette sensibilité à l’autre, cette attention aux réalités vécues sur le terrain. N’oubliez pas que l’impact réel de votre travail ne se mesure pas uniquement en indicateurs, mais aussi dans un regard qui s’éclaire, une confiance retrouvée, un espace sécurisé offert à quelqu’un qui en avait besoin. C’est cette part humaine, intangible et essentielle, qui donne toute sa valeur à l’action de Santé Sud. »